La femme musulmane « qui voit sans être vue frustre le colonisateur »


L’équipe de Contre-attaque(s)

Les récentes polémiques autour des tenues de bain de certaines femmes n’en finissent pas de susciter l’incompréhension à l’étranger. Nous avons choisi de traduire et partager ici l’une de ces réactions. Il s’agit d’un billet du Dr. Yasir Qadhi, théologien et universitaire américain. Éclairant.

Ainsi les autorités françaises viennent à nouveau de montrer le vrai visage de la laïcité, cette version extrême et fondamentaliste du « sécularisme ».

Le maire de Cannes a banni de ses plages les femmes musulmanes qui, par pudeur, couvrent leurs corps (avec ce qu’on appelle le « burkini »). Loin d’être embarrassé par son ignorance et fier de sa xénophobie, il prétend que les femmes qui nagent couvertes le font pour signifier leur allégeance aux terroristes.

Il y a plus de cinquante ans, Frantz Fanon, un citoyen français d’origine martiniquaise et l’un des fondateurs de la pensée postcoloniale, écrivait déjà sur la frustration des colons vivant en Algérie face aux femmes portant un voile sur leur visage.

« Cette femme [musulmane] qui voit sans être vue frustre le colonisateur » disait-il. En rejetant les standards occidentaux de l’émancipation, elle affirme une identité, et même un pouvoir, bien à elle, refusant ainsi de reconnaître la validité, et le pouvoir inhérent, du dévoilement, de l’assujettissement et du viol de sa culture par le colonisateur.

Ironie du sort, nous dit Fanon, en prétendant libérer les femmes des contraintes du voile, le colon est forcé de le faire de manière coercitive et violente, devenant ainsi le coupable du crime qu’il affirmait combattre.

Arundhati Roy, une autre icône du postcolonialisme, écrit quant à elle que «  quand, comme cela s’est récemment produit en France, on contraint les femmes à abandonner la burqa au lieu de créer les conditions qui leur permettent de faire leurs propres choix, on ne les libère pas, on ne fait que les déshabiller. C’est alors un acte d’humiliation et d’impérialisme culturel. Ce n’est pas la burqa le sujet. C’est la coercition. Obliger une femme à renoncer à sa burqa est aussi grave que de l’obliger à en porter une. »

Personnellement, cela ne me toucherait pas autant si les français (ou n’importe qui d’autre d’ailleurs) affichaient ouvertement leur fanatisme et leur haine. Il suffit de crier haut et fort qu’il y a des règles différentes dans ce pays : certaines pour les musulmans, et d’autres pour le reste de la population. Dites que vous ne voulez pas traiter les musulmans comme les autres et laissez-nous choisir si nous voulons rester ici ou partir. Mais ne prétendez pas que vous êtes les champions de la « Liberté, l’Égalité et la Fraternité ».

Épargnez-nous votre hypocrisie et nous pourrons alors au moins reconnaître votre honnêteté.

Contre-attaqueR

Violences à Villiers : les « fake news » du Ministère de l’Intérieur et du Parisien

Encore une personne gravement malade en voie d’expulsion

La lutte contre le sida à l’épreuve du racisme d’État

Les 7 choses à savoir sur (la vraie) Pocahontas

Violences à Villiers : les « fake news » du Ministère de l’Intérieur et du Parisien

Encore une personne gravement malade en voie d’expulsion

La lutte contre le sida à l’épreuve du racisme d’État

Les 7 choses à savoir sur (la vraie) Pocahontas

`