#NuitDebout contre l’islamophobie


Afin de tendre vers la « convergence des luttes » revendiquée par Nuit Debout, le collectif Libertaires Contre L’Islamophobie, a décidé de créer la commission contre l’islamophobie et les racismes d’Etat. Nous reproduisons la Charte des ateliers et débats de la commission contre l’islamophobie et les racismes d’état du mouvement Nuit Debout.

En effet, nous, membres de la commission contre l’islamophobie et le racisme d’Etat, constatons que l’information à propos du racisme d’Etat et notamment de l’islamophobie est encore trop pauvre dans les médias dits « mainstream », qui contribuent eux-mêmes à ce climat islamophobe. C’est pourquoi, afin que les débats, ateliers et actions de la commission se déroulent de manière efficace il est important de clarifier certains points.

L’un des objectifs de cette commission est de libérer, puis de faire entendre la parole des racisé-e-s, c’est-à-dire les personnes victimes du racisme structurel. Ainsi, ce sont donc les premier-e-s concerné-e-s qui auront la parole en priorité lors des réunions.
Nous ne dérogerons pas sur l’utilisation du terme « islamophobie » et nous refusons de le remplacer par un autre, et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, c’est le terme retenu par les associations qui luttent sur le terrain contre ce racisme (notamment le Collectif Contre L’Islamophobie en France), il convient de l’utiliser car il s’agit de la référence, et non pas d’une invention fantasmée par des mollahs iraniens pour empêcher toute critique de l’Islam comme le voudraient certains complotistes. Ensuite, nous avons constaté que systématiquement, la critique de l’Islam dans la bouche de nos représentants politiques et éditocrates ne servaient qu’à essentialiser la figure du musulman. Enfin, nul besoin d’être musulman pour être victime d’islamophobie, car il suffit d’être musulman « d’apparence » (une musulmane blanche et convertie qui porte le voile peut être autant victime qu’un maghrébin athée) ou de manifester sa sympathie pour la communauté musulmane.
De la même manière, nous estimons que le terme « racisé-e-s » est le plus adéquat pour désigner les personnes victimes de racisme structurel, car le terme « non-blanc » laisse supposer que le blanc est la norme. Si nous distinguons les racisé-e-s des blancs, ce n’est pas par racialisme, mais parce que nous constatons qu’il existe des races sociales et que les blancs sont privilégiés dans la société par rapport aux racisé-e-s, puisqu’ils ne subissent pas le racisme institutionnel.

Parmi les racismes d’Etat, nous comptons l’islamophobie, la négrophobie et la rromophobie. Nous ne nions absolument pas l’existence de l’antisémitisme (qui est le terme utilisé pour désigner le racisme envers les Juifs) et du racisme contre les asiatiques, que nous combattons également ; or il ne se manifeste pas de la même manière que l’islamophobie, la négrophobie ou la rromophobie, et ne vient pas de l’Etat ; c’est pourquoi nous ne mettons pas ces racismes sur le même plan afin de cibler plus efficacement les méthodes pour les combattre.
Si nous avons nommé cette commission contre l’islamophobie et les racismes d’Etat, ce n’est pas parce que nous minimisons la rromophobie et la négrophobie, mais c’est parce que l’islamophobie est d’actualité ; dans le cadre de l’état d’urgence décidé après les attentats, mais aussi parce qu’à chaque fois que les médias cherchent à masquer une contestation sociale (retraites, loi travail…), ils utilisent les débats sur la laïcité qui stigmatisent l’islam, et notamment la question du port du voile.
Nous préfèrerons l’utilisation de l’expression « femmes qui portent le voile » afin de désigner celles qui décident de se couvrir la tête. En effet, l’expression « femmes voilées » laisse croire que ces femmes n’ont pas choisi leur tenue vestimentaire, et le terme « voile » est complètement déshumanisant car il nie totalement la parole et l’existence de la personne qui le porte. Bien entendu, nous ne nions pas que certaines femmes puissent subir des pressions pour porter le voile, mais nous militons pour qu’elles ne soient pas discriminées à l’école, dans les études supérieures, à l’emploi et au logement car nous estimons que ce sont les meilleurs vecteurs d’autonomie.

Nous combattons tous les racismes d’Etat et faisons le lien avec le combat contre la précarité et la loi El Khomri qui s’engage ici. Tous simplement parce que la précarité, les quartiers populaire en ont été le laboratoire durant des années : les discriminations sont une arme de précarisation massive qui soumettent aux contrats précaires, à l’intérim à répétition par peur du chômage, qui soumettent au déclassement les diplômés issus des quartiers populaires, cela tout comme la précarité du droit au séjour soumet les sans-papiers à l’exploitation de masse dans certains secteurs économiques comme le bâtiment, le nettoyage, la restauration etc.! Le combat contre le travail précaire et contre les discriminations doit donc être inséparable, et affirmer cela aujourd’hui est peut-être ce qui fera le plus peur aux capitalistes, c’est pour cela aussi que nous devons combattre toutes les diffusions idéologiques racistes, dont l’islamophobie est le plus utilisé car le plus efficace, mais aussi combattre les injonctions à l’intégration/assimilation et les accusations de communautarisme, qui ne sont que des termes et des débats écran cherchant à justifier et cacher le système discriminatoire, qui est porteur de très grands profits dans un certain nombre de secteurs de l’économie de notre pays.

Contre-attaqueR

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