« Convertie en paix » : série de portraits photos

Les femmes converties à l’islam en lumière - Emilienne et Sandra

Marie Mohammedi Dubau /

Marie Mohammedi Dubau

Photographe

Suite de la publication du travail de la photographe Marie Mohammedi Dubau. Elle nous livre dix portraits de femmes françaises et converties à l’islam, « Convertie en paix ». A travers cette série de portraits, la photojournaliste a voulu "donner la parole à celles que l’on entend jamais, cette pluralité silencieuse de femmes musulmanes décomplexées, heureuses et assumant pleinement leur choix et leur foi". Aujourd’hui, Emilienne et Sandra.

Sandra, 36 ans, mère au foyer, Loire.

“ Elevée à l’orphelinat, dans un contexte catholique, j’ai toujours cru en Dieu et ma culture religieuse était très marquée. Je me rendais souvent à l’église lors des messes ou d’autres occasions. Enfant déjà, j’étais impressionnée par l’aura des religieuses. Cette force commune aux personnes fermement croyantes, dévouées et confiantes envers l’avenir et le destin. Ma conversion remonte peu de temps après mon divorce, il y a deux ans de cela. J’étais à cette époque, déjà mère de quatre enfants. La fille aînée de mon ex-mari s’était convertie avant notre séparation et je discutais souvent de cette étape avec elle. Parallèlement, je fréquentais des mères de familles musulmanes à l’école de mes enfants. J’étais interpelée par la douceur qui se dégageait d’elles.

Je dois admettre que je ne connaissais la religion de ces femmes qu’à travers des préjugés que je nourrissais parfois.

Préjugés abolis dès mes premières rencontres avec elles, qui par la bonté de leur comportement et leurs conseils, m’ont donnée envie d’approfondir ce côté spirituel. A mesure que je voyais ces femmes, la clarté de la voie, qu’elles suivaient, m’apparaissait. Le second élément ayant déterminé le choix de ma conversion, fut la découverte de certaines sourates, notamment « Ad-Duha » (Trad : la clarté du matin), sourate particulière dont les versets reflètent parfaitement mon passé d’orpheline et ma croyance en Dieu.

L’islam s’inscrivait peu à peu dans mon quotidien. A ce moment là, mes proches commençaient à s’inquiéter, mais ont été très heureux de voir que j’étais restée la même, que je vivais ma voie pour moi, non imposée par quiconque. Le choix de porter le voile ne s’est fait que récemment, suite à une profonde réflexion. Il était important pour moi de le mettre au moment où je serai prête psychologiquement, prête à le porter par amour, non par contrainte. Voilà ce que m’apporte désormais l’islam, une totale confiance en Dieu, un apaisement quant au futur et l’exhortation au bon comportement. Je suis sereine aujourd’hui et fièrement attachée à cette religion qui me guide. ”

Emilienne, 30 ans, artiste dissidente au sein d’un label, Bouches du Rhône.

“ D’origine africaine, la dimension spirituelle au sein de ma culture est très présente. Mais la religion dans laquelle j’avais grandi ne me correspondait pas totalement. Plus jeune, je m’interrogeais sur le sens de la vie et le monde qui nous entoure. J’étais particulièrement sensible et curieuse sur les questions théologiques et scientifiques. J’ai donc passé plusieurs années à faire des recherches dans ce sens et les textes coraniques me donnaient des réponses. Dans le Coran, il y a des centaines de versets sur la science sans aucune erreur ou contradiction. La science confirme même leur véracité au fil du temps.

Avant ma conversion, j’étais un peu perdue et je m’évertuais à trouver ma voie.

Malgré une vie sociale et professionnelle épanouie, je me sentais vide. L’islam est venu combler ce manque que je n’expliquais pas. Il y a de cela 3 ans, l’islam m’a apportée paix, sérénité et stabilité. Plus j’apprends à propos de ma foi et de ma religion, plus elle est douce à mon cœur.. Ma famille, qui appréhendait ce changement a toujours du mal à l’accepter, hormis ma sœur, qui s’est aussi convertie il y a un an. L’Islam est aussi le socle de mon mariage et c’est la première fois que je me sens autant respectée par un homme. Contrairement aux idées reçues, cette croyance pose également un cadre juridique exemplaire, réaffirmant les droits et devoirs bien précis des époux l’un envers l’autre. Jamais je ne m’étais sentie aussi comblée personnellement et socialement que depuis ma conversion. Il s’agit d’une religion d’unité, pacifique, non de conflit, et en tant que femme, j’y trouve la liberté et l’égalité.

Beaucoup de gens associent l’Islam aux personnes d’origines maghrébines. Or c’est une erreur, l’Islam est universel.

On se sent libre quand on est maîtresse de ses envies, de ses choix et détentrice de ses droits. La religion musulmane met la priorité sur la quête de connaissance, du savoir. Plus j’avance dans mes recherches et plus je note la différence avec ce que les médias dépeignent au quotidien. Il y a ce que l’islam dit et ce que les musulmans font. À mon sens, on ne doit pas amalgamer la religion avec ses individus qui sont humains, et qui par nature font des erreurs. La femme a une place privilégiée en islam. Ce statut ne correspond pas à l’interprétation et l’application erronées qu’en font certains ; sexisme, misogynie... L’islam est une religion juste mais tous ces adeptes ne le sont pas forcément. Enfin, je n’ai pas occulté ma culture africaine en choisissant cette religion. Elle me définit et me tient à cœur. Beaucoup de gens associent l’Islam aux personnes d’origines maghrébines. Or c’est une erreur, l’Islam est universel et il y a une grande diversité chez les musulmans qu’on ne met pas assez en avant.

Édito

« Souvent incompris, L’Islam est présenté comme une religion archaïque, violente, et de fait incompatible avec notre société française. Les préjugés, malentendus, fantasmes et vraies raisons de s’indigner s’entremêlent, occultant la liberté de croyance, l’ouverture et la tolérance. Pourtant depuis les années 2000, le nombre de conversions à l’Islam en France ne cesse d’augmenter. Ses valeurs séduisent des personnes de milieux sociaux différents. Mais les convertis, sont souvent perçus comme des personnes faibles, endoctrinées ou manipulées. Cette vision négative touche particulièrement la femme, surtout lorsqu’elle décide de porter le voile. Elle parait tel un être soumis, dénué de toute réflexion et de bon sens. Plus que négative, cette vision devient réductrice.
Chaque femme ne devrait-elle pas pouvoir choisir la voie de sa propre émancipation ?
Si la place de la femme en Islam est aussi sombre qu’elle est présentée, comment expliquer alors que bon nombre de femmes n’ayant pas grandi dans cette culture religieuse, choisissent de devenir musulmanes ? Beaucoup d’ idées négatives circulent quant au statut de la femme en Islam (soumission, oppression, inégalité des
droits...). Les interprétations infondées ou les traditions dominantes ne doivent pas servir de représentation générale. J’ai voulu donner la parole à celles que l’on entend jamais ; cette pluralité silencieuse de femmes musulmanes décomplexées, heureuses et assumant pleinement leur choix et leur foi. »

Contre-attaqueR

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