« Mariam », un film de Faiza Ambah

Le regard neuf d’une Saoudienne sur le foulard en France

Jehan Lazrak-Toub /

Jehan Lazrak-Toub

Journaliste

L’affiche est colorée et pétillante avec cette jeune fille, à la tenue rose bonbon. Mariam, de la réalisatrice saoudienne Faiza Ambah, raconte l’itinéraire d’une jeune fille voilée en France qui fait sa rentrée des classes en septembre 2004, année de la loi sur l’interdiction des signes religieux à l’école. Ce film a été diffusé pour la première fois à l’UNESCO à Paris.

Se regardant dans le miroir, Mariam, jeune fille de 14 ans, les écouteurs vissés sur les oreilles, se prépare pour aller à l’école, au son d’Outlandish, un groupe danois multiculturel de musique pop/rap. Ce face-à-face entre le spectateur et la jeune fille, se conclut par Mariam ajustant son foulard sur sa chevelure. Elle est prête pour la rentrée des classes. La scène se passe en septembre 2004, année de l’application de la loi du 15 mars encadrant « le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles ». Ce jour banal de retrouvailles de ses camarades ne sera pas aussi simple qu’à l’accoutumée​. En sortant, son père, la dévisageant du regard, marque son opposition à sa nouvelle tenue. On apprendra plus tard dans le film que Mariam a décidé de porter le foulard suite à son voyage au pèlerinage avec sa grand-mère durant l’été. Lorsqu’elle arrive à l’école, le directeur écarte les jeunes filles portant le voile du reste des élèves. «  Tant que vous n’enlevez pas le voile, vous n’irez pas en classe, vous irez en permanence. C’est la loi ! » , assène-t-il.​

Entre son père autoritaire n’acceptant pas ses choix et une école qui lui interdit son entrée, Mariam, jeune adolescente, vit entre convictions personnelles, amitiés, amour et pérégrinations d’une collégienne comme les autres. Malgré la solennité de l’exclusion, Mariam se veut un film léger et drôle. Durant 44 minutes, le spectateur découvre l’univers banal d’une jeune fille, fan de danse Bollywood, qui vit ses premiers coups de coeur, et qui contre toute attente, résiste et assume ses choix jusqu’au bout.

Humaniser ces femmes

Faiza Ambah, réalisatrice saoudienne de Mariam, a choisit de faire ce film en langue française pour donner à voir l’histoire d’un voile, pas « du voile » comme un tout globalisant, plutôt d’une expérience parmi tant d’autres. « J’ai voulu humaniser cette culture et ces personnes avant tout. Et montrer qu’il y a tant de récits derrière "le" voile. » Cette fiction produite par Bizibi productions de Jérôme Bleitrach en partenariat avec Silvergrey et Faizalberry films est inédite en France. A l’inverse des sempiternels films sur « les quartiers populaires », « les Arabes », « les musulmans » où les préjugés sont légion, où la femme arabe est libérée par « le sauveur blanc », Mariam est un film au ton juste. Rien n’est laissé au détail. Entre les musiques, les dialogues, les personnages, Faiza Ambah a su recréer sur grand écran un univers « réel » loin de la caricature des « banlieues ». Le spectateur est pris d’attachement pour Mariam, entière dans ses émotions. Passionnément amoureuse, en colère face à un père qui préfère courber l’échine et révoltée de cette école qui ne l’accepte pas comme elle est.

Mariam n’est pas un film « pour » ou « contre » le voile. Il dit simplement les tiraillements, les réalités subies par une jeune femme confrontée à l’application de la loi du 15 mars 2004 à l’école. « J’ai voulu produire une fiction qui ne soit pas une réponse sur la loi ou le voile. Ce film ne prend pas position. » raconte Jérôme Bleitrach, le producteur. « Autant dans le financement que dans la diffusion, nous avons rencontré énormément de difficultés ». Jérôme Bleitrach et son équipe ont mis deux ans pour trouver des financements. « Il a été très compliqué de trouver un établissement scolaire qui accepte que l’on filme à l’intérieur à cause de la thématique. Alors même que c’était une location et que nous allions payer pour cela. Les directeurs nous demandaient si le film était pour ou contre le voile. »

Mariam est un film qui mérite d’être vu et diffusé, par-delà les préjugés et les a priori pour mieux comprendre les émotions et l’expérience d’une jeune fille portant le voile en France.

Bande annonce

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